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Economie - Page 11

  • Les incompétents du gouvernement Macron ont laissé Latécoère passer sous giron américain !

    Latécoère, nouvelle victime de l’absence de stratégie industrielle de la France .

     

    Depuis le 4 décembre, le mythique équipementier aéronautique Latécoère bat pavillon américain. Alors que l’exécutif entend stimuler l’innovation et diminuer la dépendance de l’industrie de Défense française aux composants américains, il continuer de laisser passer des actifs industriels clefs sous contrôle étranger. Retour sur ces contradictions.

     

    La défense des intérêts nationaux, un concept visiblement étranger à l’exécutif français.
     
    On l’avait observé de façon flagrante lors du démantèlement d’Alstom, sur fond de chantage américain, puis on l’avait constaté avec les cas de Lafarge, Technip, STX, Alcatel-Lucent et plus récemment Peugeot, ou encore lorsqu’Emmanuel Macron avait voulu faire don du reste d’Alstom à l’allemand Siemens, avant d’être arrêté par la Commission européenne.

     

    C’est donc sans surprise que le 4 décembre l’OPA sur Latécoère, lancée en juin par le jeune fonds d’investissement Searchlight, immatriculé aux îles Caïmans, s’est couronnée de succès. En obtenant 62,76% du capital du champion français des aérostructures (tronçons de fuselage…) et des systèmes d’interconnexion (câblages, équipements embarqués…), le fonds américain n’obtient pas qu’un nouveau trophée à son tableau de chasse, ce sont surtout les brevets d’une entreprise particulièrement innovante dans un domaine hautement stratégique pour la France qui tombent dans l’escarcelle américaine !

    En effet, Latécoère n’était pas simplement une «très belle entreprise» «stratégique», elle était surtout loin d’être une entreprise «musée», comme le rappelait récemment Laurent Izard, auteur de La France vendue à la découpe (Éd, 2019), auprès de nos confrères de Valeurs actuelles. Latécoère a beau avoir soufflé en 2017 sa centième bougie, elle multiplie les dépôts de brevet, souligne ainsi le normalien, aux yeux duquel cette cession touche à la «sécurité militaire» de la France.

     

    The logos of French car maker Peugeot and German car maker Opel are seen at a dealership in Villepinte, near Paris, France, February 20, 2017.
     
    En effet, au-delà d’avoir été une entreprise pionnière dans le transport de passagers (L’Aéropostale), avant de devenir un équipementier historique pour tous les constructeurs aéronautiques de premier plan (Airbus, Boeing, Bombardier, Dassault Aviation et Embraer), Latécoère innove dans les domaines des télécommunications et d’interconnections, en s’attelant notamment au développement de technologies optiques de transmission de données telles que le Li-Fi (pour «Light Fidelity»). Une technologie qui, d’ici une dizaine d’années, vise à remplacer le Wi-Fi dans les cabines.

     

    Or, avec une prise de contrôle de l’équipementier par une société américaine, ce sont tous ses brevets qui tombent dans l’escarcelle des États-Unis.

    Des technologies développées en France viendront non seulement s’agglomérer à l’outil de puissance économique états-unien, mais elles feront également tomber sous le coup de l’extraterritorialité du droit US tous les appareils intégrant des composants développés par Latécoère. En effet, via la fameuse réglementation ITAR (International Traffic in Arms Regulations), les autorités américaines s’octroient le droit d’imposer à toutes entreprises à travers le monde de demander leur aval avant de procéder à l’exportation de matériels aéronautiques et de défense comportant des composants américains. Une loi d’un État étranger qui s’avère particulièrement contraignante pour les entreprises françaises et européennes, telles qu’Airbus, Thales ou MBDA.

    Un aspect de cette opération de rachat sur lequel mettait en garde tant Laurent Izard que 17 députés (dont 14 issus de la majorité) de la Commission de la Défense nationale des forces armées. Ces derniers, menés par Jean-Charles Larsonneur, député LREM du Finistère, ont interpellé fin novembre le Premier ministre sur ce dossier, estimant qu’une «approche souveraine» devait prévaloir. Un argument de la menace que fait peser sur nos intérêts économiques l’extraterritorialité américaine qui devrait d’autant plus peser au sommet de l’exécutif que la France tient à réduire les dépendances de l’industrie de l’armement aux composants américains. Pourtant, il semble n’en être rien.

     

    Le logo d'Alstom
     
     
    Mi-septembre, c’était Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional (CESR) d’Occitanie, qui écrivait à Bruno Le Maire, estimant que «laisser le champ libre à un fonds nord-américain serait une erreur». À ses yeux, avoir «un peu» de patriotisme économique, «face aux États-Unis et à la Chine» n’est «pas un gros mot». Le président du CESR d’Occitanie brandissait alors une autre menace: celle du dépeçage pur et simple de l’entreprise par ses nouveaux propriétaires, prenant pour exemple le cas de Molex, entreprise de connecteurs électriques de la région de Toulouse, rachetée par des Américains, qui s’étaient emparés des brevets avant de délocaliser l’usine.

     

    Un risque également mentionné par Laurent Izard, qui rappelle que face à ce type d’opération, des «garde-fous» juridiques existent pourtant, à commencer par le décret Montebourg, renforcé par la très récente loi Pacte. Pour l’heure, l’État a seulement demandé à l’Américain de laisser monter la société française de gestion d’actifs Tikehau Capital à 10% du capital de Latécoère, au titre du contrôle des investissements étrangers en France (IEF), une demande du gouvernement français à Searchlight qui pour l’heure reste lettre morte.

    N’est-il pas étonnant qu’à l’heure où le gouvernement budgétise 10 milliards d’euros, mettant en garantie la vente de ses participations dans de grands groupes publics (ADP, Engie, FDJ), afin de constituer un fond pour financer la création de Start-ups innovantes, celui-ci ne trouve pas un centime pour empêcher que des fleurons français innovants, reconnus dans leur domaine d’expertise, ne se fassent racheter par des fonds étrangers?

     

     

  • Comment Bruxelles et Paris ont étranglé l’agriculture française .

    Blé

     

     

    La «ferme France» est menacée.

    Malgré de bons indicateurs à l’export, la France régresse au classement mondial des puissances agricoles, au point de perdre son autonomie alimentaire.

    Absence de stratégie de l’État, politiques européennes néolibérales et pression écologiste ont creusé la tombe des agriculteurs, qui défilent ce 27 novembre à Paris.

    «Chaque citoyen-consommateur a-t-il bien conscience que sa liberté de pouvoir choisir l’alimentation qu’il souhaite, dans les quantités qu’il espère et la qualité qu’il exige, dans son propre pays, relève de ce principe fondamental qu’est la souveraineté alimentaire?»

    À l’heure où l’on ne jure plus que par le bio, la question peut paraître purement rhétorique. Pourtant, alors que les agriculteurs convergent vers Paris pour manifester leur colère ce mercredi 27 novembre, le rédacteur en chef du magazine Marianne, Jean-Claude Jaillette, tirait en début de semaine le signal d’alarme dans une enquête. Pour lui, le constat est sans appel: la France a perdu son autonomie alimentaire.

     

    Les manifestations d'agriculteurs
    © AFP 2019 Sakis Mitrolidis
     
     
    Une affirmation qui prend le contre-pied d’indicateurs économiques encourageants, de prime abord… En effet, sur le papier, le temps semble au beau fixe pour l’agriculture française. Comme le rappelle le journaliste, cette dernière conforte sa place de leader européenne et les revenus des agriculteurs se maintiennent globalement à la hausse, malgré celle des charges d’exploitation (carburant, engrais…). S’ajoutent à cela de bonnes récoltes de blé et d’orge, qui iront doper les exportations tricolores.

     

    Rappelons que le blé est l’une des matières premières qui constituent le fer-de-lance des exportations agricoles françaises. Fin 2010, alors que le cours du blé flambait (+70% en un an), la lettre d’information Agriculture & Environnement dressait le parallèle suivant: les deux milliards d’euros d’exportations du seul blé tricolore cette année-là représentaient l’équivalent de quarante A320.

    D’ailleurs, selon les chiffres de Bercy pour l’année 2018, les produits agricoles et agroalimentaires figuraient au premier rang des exportations françaises, avec 62,4 milliards d’euros, devant les exportations aéronautiques (57,2 milliards d’euros) –alors même qu’Airbus venait de vivre une année record avec 800 livraisons– ou encore de la filière luxe (51,3 milliards d’euros). Une situation radicalement différente d’il y a quelques années, où le luxe tenait le haut du panier devant les produits chimiques et les produits agricoles.

    L’agroalimentaire: à l’export, un fer de lance… émoussé

    Pour autant, comme le rappelle notre confrère de Marianne, les céréaliers et viticulteurs ne sont pas les seuls agriculteurs en France. Le journaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur le monde agricole, rappelle ainsi les chiffres suivants: pour la seule année 2015, la Mutualité sociale agricole (MSA) recensait le suicide de 605 de ses assurés. Selon l’organisme de protection sociale, un agriculteur se suicide chaque jour. Un phénomène sur lequel revenait, juste avant l’automne, le journal La Croix, sur la base d’un photoreportage émouvant.

    Un malaise qui trahit la dure réalité qu’endure le secteur tout entier. En effet, si les exportations et certaines récoltes font bonne figure dans les statistiques économiques du pays, dès que l’on creuse un peu, le tableau est bien moins réjouissant pour l’agriculture française, qui est «en réalité en déclin», assène Jean-Claude Jaillette,

    «La production française stagne en volume alors que celle de nos voisins progresse. Pis, alors qu’elle était la troisième exportatrice mondiale en 2005, la France occupe désormais le sixième rang, quand l’Allemagne, les Pays-Bas et même l’Espagne maintiennent leur rang. Plus grave encore que le recul des exportations, notre agriculture ne parvient même plus à satisfaire les besoins intérieurs.»

     

    Des agriculteurs français allument des «feux de la colère»
     
     
     
    Reprenant les travaux du sénateur (LR) Laurent Duplomb, rapporteur de «La France, un champion agricole mondial: pour combien de temps encore?», un rapport publié en juin 2019, le journaliste en chef de Marianne souligne ainsi que les importations de produits agricoles en France ont bondi de 87% en dix ans, la palme revenant aux produits laitiers, que l’on importe deux fois plus qu’il y a dix ans.

     

    «Un fruit sur deux et un légume sur deux ne sont pas produits en France, comme 34% de la volaille et 25% de la viande de porc. Même le bio, qui devrait être produit au plus près, est importé à 31%», ajoute notre confrère.

    «Au fond, ce déclin est relatif à la montée des agricultures du reste du monde», résume-t-il. Un déclin aux causes «bien identifiables», insiste le journaliste qui s’appuie sur les constats dressés par le sénateur: à commencer par la disparition de 17% de la surface agricole en France depuis 1961, soit «l’équivalent de la région Grand Est», compare l’élu. Autre cause mise en avant par le journaliste et le sénateur, les liens étroits entre la politique agricole française et les politiques européennes.

    Produits agricoles importés: +87% en dix ans!

    Problème, l’Europe «affiche une certaine négligence en matière de stratégie agricole» déplore Laurent Duplomb. Le journaliste évoque par ailleurs la «forte baisse» envisagée du prochain budget de la PAC (Politique agricole commune). Une décision qui «laisse mal augurer de l’importance géostratégique accordée par l’Union européenne au secteur agricole», tacle le sénateur.

    «L’Europe est la seule région du monde à avoir diminué ses soutiens publics à l’agriculture entre 2008 et 2016. En Chine, au Brésil, aux États-Unis et même en Russie, ils ont augmenté. Quand l’Europe démantèle avec une naïveté toute néolibérale sa politique de soutien, le reste du monde fait l’inverse», martèle notre confrère.

    Pour lui, «l’Europe (et la France en particulier) dort sur ses lauriers gagnés grâce à la PAC menée depuis le début des années 50». Illustration de cette «naïveté» tout européenne: les récents contrats de libre-échange négociés avec le Canada, le Chili, l’Ukraine ou encore les pays du Mercosur, dont le Brésil. «Combien de temps nos éleveurs de bovins résisteront-ils à l’arrivée des 99.000 t de bœuf brésilien ultra-concurrentiel, qui viendront s’ajouter aux 80.000 t bradées arrivées au nom des précédents accords?», s’interroge Jean-Claude Jaillette. Pour lui, il faut «inventer de nouvelles régulations internationales remettant en cause le dogme de l’OMC», estimant qu’être «le meilleur élève de l’OMC, comme le souhaite la Commission européenne, conduit à l’échec. Il est temps d’inverser le courant.»

    L’agriculture, comme l’industrie, victimes de «joutes parisiennes hors sol»

    Mais au-delà d’un manque de stratégie au plus haut sommet de l’État concernant l’agriculture, ou même de la politique menée par l’Union européenne dans ce secteur, la perception qu’ont les Français n’est-elle également pas en cause? En effet, ces derniers nourrissent une méfiance grandissante à l’égard de leurs propres agriculteurs. Un phénomène sur lequel revient ce 27 novembre, L’Opinion, se penchant sur le malaise de ces agriculteurs qui «se sentent désormais haïs de leurs concitoyens».

     
    Il faut aussi revenir sur un tournant qui s’est opéré dans l’opinion publique, entre la fin 2015 et le début de l’année 2016. En cause, la publication de vidéos d’activistes antispécistes sur les maltraitances animales dans des élevages ou l’avis d’une agence de l’OMS concernant cancérogénicité de la viande rouge. Les médias ont aussi joué leur rôle dans ce désamour, avec des émissions et documentaires respectivement consacrés aux pesticides et au bien-être des animaux, diffusés à des heures de grande écoute sur les chaînes du service public. En somme, des scandales médiatiques qui marquèrent une opinion déjà «travaillée par le scandale de la vache folle».

     

    S’ajoute à cela la décision d’Emmanuel Macron d’interdire le glyphosate en France sous trois ans. Une décision perçue comme étant purement politique par les syndicats d’exploitants agricoles, le Président cherchant avant tout à «donner des gages» à son aile écologiste. Des syndicats agricoles qui dénoncent ainsi l’influence prise par «l’extrême gauche» sur la thématique, et des «joutes […] hors-sol, très parisiennes».

    Une perception tronquée, un pan majeur de notre économie qu’on livre à la vindicte à des fins politiques, le tout avec des conséquences déplorables à long terme. Un phénomène qui fait écho à la stigmatisation du milieu industriel

    évoqué par Philippe Ansel:

    «Aussi bien pour le grand public que pour le monde politique, l’industrie est synonyme de pollution, c’est quelque chose de sale, c’est synonyme de chômage, de pneus qui brûlent...» résumait le chef économiste de la Fondation Concorde, dressant le tableau d’une industrie, victime des clichés et du marketing politique.

    Résultat, des délocalisations massives, dont l’impact écologique est nettement négatif, sans même parler des questions de souveraineté économique. Un air de déjà-vu, donc pour l’agriculture. Nos agriculteurs et éleveurs permettent depuis des décennies aux Français de jouir de produits d’une qualité souvent supérieure à celle de produits d’importation, soumis à des normes sanitaires drastiques. Pourtant, par clientélisme politique, par européisme, par absence de vision stratégique de secteur-clef de notre économie, non seulement nous abandonnons nos agriculteurs, mais nous mettons en danger notre approvisionnement alimentaire en nous orientant vers des filières étrangères.

     

     

  • Prélèvements record et dépenses record: un duo fatal pour l’économie française !

    Budget 2020: déficit, dépenses, impôts, la France de tous les records

     

    Le budget 2020 doit être présenté le 25 septembre. Tout porte à croire qu’aux hausses de dépenses s’ajouteront des renoncements en matière d’économies. Une combinaison qui, depuis près d’un demi-siècle, a contribué à faire de la France ce qu’elle est aujourd’hui: un enfer fiscal.

     

    Décidément, la France multiplie les médailles dans la catégorie Finances publiques. Après être monté sur la première marche du podium de l’OCDE en matière de pression fiscale, l’hexagone s’arroge également la place numéro un en matière de dépenses et de déficit public. Si la première se comprend au vu de notre système de redistribution, la seconde l’est forcément beaucoup moins.

     

    Quoi qu’il en soit, à une semaine de la présentation devant le Parlement du projet de loi de finances (PLF) 2020, Le Figaro flinguait récemment la communication de l’exécutif autour de ce qui n’est plus un évènement de la rentrée parlementaire. Le quotidien revenait sur les statistiques peu flatteuses du Fonds monétaire international (FMI) concernant la France, publiées au cours de l’été. Un gouvernement qui chercherait à «dorer la pilule encore plus que de coutume», fustigent nos confrères qui enfoncent le clou:

    «Cette ritournelle est un leurre de gros calibre. Que ce soit le déficit, le niveau des impôts ou celui des dépenses publiques, la France affiche en 2019 les chiffres les plus élevés au sein des dix-neuf pays de la zone euro, nous dit le FMI.»

    Il faut dire qu’aux dépenses supplémentaires (principalement en matière d’écologie), s’ajoutent les renoncements en matière de réduction des dépenses publiques.

    Si certains font valoir que l’exécutif souhaite favoriser la paix sociale au détriment de l’effort budgétaire et jouerait ainsi «l’apaisement», avec des reculades successives sur les coupes dans l’indemnisation des arrêts maladie ou encore dans des APL (en somme dans la redistribution), c’est oublier que le gouvernement a surtout revu significativement à la baisse ses objectifs en matière de réduction des dépenses de fonctionnement de l’État lui-même.

    En effet, contre les 120.000 suppressions de postes dans la fonction publique d’ici 2022, promises par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, Gérald Darmanin annonçait fin juillet, dans un entretien accordé au groupe de presse Ebra qu’elles ne seraient plus que de l’ordre de 15.000 dans la fonction publique d’État ..., dont «moins de 2.000» en 2020. Des suppressions «pour l’essentiel à Bercy», précisait le ministre de l’Action et des Comptes publics. Une annonce qui s’est vérifiée début septembre lorsque, devant les syndicats, Gérald Darmanin annonçait 5.800 suppressions de poste à Bercy entre 2020 et 2022.

     

    Du côté des dépenses publiques, dans un premier jet dévoilé en juillet –où l’écologie était à l’honneur–, le gouvernement planchait sur une hausse de 4,6 milliards d’euros (0,5% supplémentaires… hors inflation) en 2020 par rapport à la loi finance initiale 2019. Une augmentation chiffrée pour l’heure à 14 milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat.

     

    Bref, difficile à première vue d’y voir le «budget de pouvoir d’achat», annoncé fin août par le vice-président LREM de la commission des finances de l’Assemblée nationale, une ritournelle entendue chaque année. En effet, qui dit hausse des dépenses publiques dit nécessairement hausse des recettes fiscales.

    Reprenant les chiffres du FMI, sous le «triptyque» du déficit, des niveaux de dépenses et des recettes publiques, le journaliste du Figaro dresse un constat sans appel: les finances publiques tricolores seraient «les plus dégradées des pays du sud» de l’UE. Indicateur le plus «pertinent» à ses yeux pour juger de l’état des comptes: le solde primaire, car il n’est pas «pollué» par la charge de la dette :

    «Ce concept en apparence abscons est très simple: il consiste à faire abstraction de la charge annuelle de la dette publique. La France enregistre ainsi un “déficit primaire” de 1,7% de son PIB et elle est le seul État dans ce cas avec la Finlande (- 0,3%). Tous les autres, y compris la Grèce et l’Italie, affichent des excédents primaires!», développe le quotidien.

    Côté déficit, la messe est dite, si le gouvernement met en avant d’être parvenu à le ramener sous la barre symbolique des 3% fixé par Bruxelles celui-ci reste encore et toujours déficitaire… comme tous les budgets depuis 1974. Sur ce point, autant dire que la possibilité pour la France de se refinancer auprès des marchés à des taux négatifs ne devrait pas contribuer à inverser la tendance, bien au contraire: les économies dégagées sur le «poids de la dette» représentent autant d’invitations supplémentaires de financer de nouvelles dépenses.

    D’ailleurs, en matière d’emprunt, la France jouit d’un «traitement de faveur», estime le quotidien, celle-ci pouvant «emprunter à des taux voisins de son homologue allemand». Le journaliste rappelle à cet égard que notre endettement public (99,2%) est «équidistant» de la dette italienne et de celle de nos voisins outre-Rhin (respectivement 133,4% et 56,9%).

    Du côté des dépenses publiques, rien à signaler, puisqu’elles continueront d’augmenter –dans l’absolu–, pesant près de 55,6% du PIB en 2019.

     

    Sans grande surprise, malgré cette baisse des dépenses projetées par les instances publiques, la pression fiscale n’a quant à elle pas décru. On note d’ailleurs que les recettes (prélèvements obligatoires) atteignent non seulement un niveau record dans notre pays (52,4% du PIB), mais que la France se place dans le groupe minoritaire des États européens où cette pression n’a pas diminué depuis 2010.

     

    Au-delà de la comparaison avec des pays n’ayant pas le même système de redistribution que le nôtre, notons que les dépenses publiques représentaient 41,9% du PIB tricolore en 1968, comme le rappelait Capital en 2018. Qu’il s’agisse du nombre de personnes à la retraite, du mode de calcul de la revalorisation des pensions ou de l’élargissement du nombre de personnes pouvant bénéficier d’allocations cette progression d’une quinzaine de points de PIB en un demi-siècle serait, selon le site spécialisé dans l’analyse des finances publiques Fipeco, au trois quarts dus aux prestations sociales et pour le reste à l’augmentation constante du nombre de fonctionnaires. Comme le souligne le FMI, ces derniers représentent 20% de la force de travail en France.

    Paradoxalement, si le système de redistribution en France est plus «relativement plus efficace» qu’en Allemagne ou dans les pays du Nord, l’hexagone fait moins bien que ces derniers en matière de lutte contre les inégalités. L’instance internationale souligne notamment d’«importantes différences» intergénérationnelles, les jeunes étant bien plus pauvres que leurs aînés. Des aînés dont la pauvreté relative ne cesse de reculer.

    N’oublions pas, dans ces dépenses toujours plus élevées, la part de la fraude sociale : 7 à 9 milliards d’euros, selon l’ACOSS (Agence centrale des organismes de sécurité sociale) ou 13,5 à 45 milliards d'euros, selon la députée Carole Grandjean (LREM) et la sénatrice Nathalie Goulet (UDI), qui ont récemment présenté un rapport parlementaire sur le sujet. Du côté des recettes, le manque à gagner que représente la fraude fiscale oscillerait entre 25 et 100 milliards d’euros par an selon les sources.

    Ajoutons également le poids économique grandissant de l’immigration en France . Pour ne prendre que la seule immigration irrégulière, l’Aide médicale d’État (AME), qui permet l’accès et la gratuité des soins aux clandestins, a vu son ardoise doubler en dix ans pour aujourd’hui frôler le milliard d’euros de dépenses annuelles.

    Prélèvements record pour dépenses record, un duo fatal à long terme pour l’économie. Mais au-delà de tout débat autour du nombre de fonctionnaires nécessaires au bon fonctionnement des services du pays ou quant à la générosité de notre système social, le problème réside avant tout en France dans le fait que les dépenses publiques progressent bien plus vites que la création de richesses. Une chose est sûre: tant que cette tendance ne sera pas inversée, le poids des charges qui pèsent sur les contribuables ne fera qu’augmenter, ce qui ne contribue pas à la création de richesses…