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Affaire des Mistral : la France à la remorque des USA .

L’affaire des Mistral restera pour longtemps dans l’histoire des relations diplomatiques de la France. Par soumission à l’impérialisme américain, dans sa volonté d’asphyxier et d’isoler la Russie suite à leur coup d’État de l’Euromaïdan, en Ukraine, ils provoquèrent la guerre du Donbass [1] ; François Hollande préféra servir des intérêts étrangers plutôt que ceux de la France en prenant la lourde responsabilité de ne pas livrer les deux navires de guerre commandés par la Russie.
La crédibilité de la France est ébranlée. Elle se retrouve avec des navires que probablement personne ne voudra, et qui au final coûteront cher aux contribuables. Selon Le Canard Enchaîné des mercredis 12 et 19 août 2015, la facture pourrait atteindre les 2,3 milliards d’euros (voir plus). Soit autant que pour le fiasco de la campagne de vaccination contre le H1N1 [2].
 
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Accord en catimini

Le 5 août, la France versera, dans la discrétion, près d’un milliard d’euros pour régler le contentieux sur la non-livraison. C’est-à-dire 896 millions d’euros, représentant 80 % du contrat déjà versé, plus 100 millions d’euros que les Russes ont dépensé pour les aménagements : l’adaptation en version maritime des 32 hélicoptères Ka-52 emmenés par les navires, et la formation de 400 marins pendant un an et demi.
L’annonce de l’accord a été faite par le journal économique russe Kommersant le 30 juillet, malgré le démenti de l’Élysée le 31 juillet. L’Exécutif publiera le 5 août le communiqué confirmant qu’un accord a été trouvé.
Cependant, le parlement ne sera consulté qu’en septembre. Il ne faut pas faire de vagues…

Sabordage de la flotte

À rajouter à ce milliard, les différents frais liés à l’annulation, et ils sont colossaux :
  • L’État s’était engagé à payer sa marge à la DCNS (vendeur public des navires) qui se monterait à environ 350 millions d’euros, dont 100 millions déjà versés
  • La remise en l’état des navires. En cas de revente, la France devra restituer la totalité des équipements électroniques russes. Selon nos « confrères » du Canard, « il y en a pour six mois » avec à la clef une facture de quelques dizaines de millions d’euros
  • Toujours en cas de revente, il faudra remonter tout le matériel pour qu’il soit adapté aux normes de l’OTAN. Coût probable : 200 millions d’euros
  • Le gardiennage pour les navires : 5 millions d’euros par mois pour les frais d’entretien, de maintenance, d’assurances, de sortie de mer, etc.
  • Le contrat, annulé, prévoyait la construction de deux autres navires dans les chantiers navals russes OSK. La DCNS leur cédait sa licence pour 80 millions d’euros. Pour leur part, les groupes Thalès et Safran ont vendu pour 450 millions d’euros d’équipement électronique.
  • La France s’était engagée également sur la maintenance des navires pendant 30 ans. Soit une dépense de 10 à 20 millions par an, et la somme de 400 millions d’euros que perdront les chantiers de Saint-Nazaire.
  • Enfin, l’accord de 450 millions d’euros avec les chantiers OSK pour la construction des navires câbliers a également sombré. Autre projet tombant à l’eau : la construction de ravitailleurs franco-russes pour un montant de 1 milliard d’euros.
La bonne nouvelle dans ces torpillages successifs, c’est que la France échappe aux pénalités de retard, selon l’aveu d’un conseiller élyséen confié au Canard Enchaîné :
C’est le moins mauvais accord possible […] Nous avons échappé à 251 millions de pénalités de retard et nous risquions une condamnation de 500 millions devant un tribunal arbitral international.
Un conseiller de l’Élysée, confié au Canard Enchaîné du 19 août 2015

Tout bénef pour les russes

La Russie est loin d’être affaiblie suite à cette annulation. Elle a acquis la totalité du transfert de hautes technologies (150 000 pages de documentation technique hyper pointue), ce qui permettra aux Russes de construire eux-mêmes leurs porte-hélicoptères. Elle récupère aussi son argent avec une marge bénéficiaire, grâce à la baisse du rouble par rapport à l’euro. Les Russes avaient initialement versé 40 milliards de roubles à la France ; après l’annulation, elle en redonnera 65 milliards. De quoi construire leurs navires et un supplément. Au Kremlin, on doit sortir la Vodka !

La France et les Mistral perdants

La France a perdu sur tous les tableaux, tant sur les plans politique qu’économique. Elle se retrouve avec une facture de plus de deux milliards d’euros sur les bras, rajoutant à ce désastre les sanctions économiques de la Russie (conséquences du conflit en Ukraine) pénalisant nos agriculteurs et nos entreprises déjà étranglés par la crise, par les directives de l’Union Européenne [3], par le RSI et bientôt par le Marché Transatlantique négocié dans le dos des peuples. Mode auto-sabotage continu !
François Hollande s’est ridiculisé, une fois de plus, faisant passer la France pour le vulgaire caniche d’Oncle Sam, et cela après les révélations des écoutes de la NSA, qui espionne la France par le biais de l’Allemagne, affaire dans laquelle il s’est contenté de hausser le ton (pas trop fort) face à son maître… avant de vite rentrer à la niche [4].
À défaut d’être passé pour un grand chef d’État usant de sa diplomatie, ce fut un fiasco total et retentissant qui se traduira en une bérézina. La bérézina des Mistral.
Nicole Taureau

[2] Le Monde (04/01/2010) : Une grippe à 2 milliards d’euros
[3Conférence de Charles-Henri Gallois UPR – Les illusions économiques de l’Union européenne
canard
Canard Enchaîné – mercredi 19 Août 2015, page 4
  canard 2
Canard Enchaîné, mercredi 12 août 2015, page 3
 

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