Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Affaire des oeufs contaminés .

La France produit plus que sa propre consommation, et la totalité des œufs disponibles tant dans les grandes et moyennes surfaces que sur les marchés sont français, et pas contaminés.

En revanche, l’affaire du Fipronil, qui s’étend et s’éclaircit, touche de plein fouet les « ovoproduits », c’est à dire les produits faits à base d’oeufs pour des préparations pâtissières, la restauration rapide et/ou collective, les plats préparés. Tous débouchés où la pression des marges est très forte, et où la qualité des œufs importe peu. Bien moins en tout cas que la rapidité de la mise en œuvre, que ce soit en œufs liquide pasteurisés, en blancs et jaunes séparés, en barres d’oeufs au mètre surgelées, œufs écalés, lanières d’omelettes, préparations pâtissières etc.

Un petit tour au rayon frais d’enseignes comme Metro ou de Promocash permet de se faire une idée sur l’ensemble des produits proposés qui permet aux professionnels de gagner un temps précieux dans leurs préparations… au risque de ne plus faire que de l’assemblage de produits préparés par l’industrie agro-alimentaire.

Ce qui explique que même si les quantités d’oeufs contaminés sont minimes – 180.000 œufs belges chez Futur Oeuf à Lanouée (56), 200 T d’ovoproduits chez Samo à Mirebeau (86), 32400 œufs des Pays-Bas chez Ygreca à Seiches-sur-le-Loir (49), deux autres entreprises du Nord (Ovo Service) et du Pas-de-Calais (Sovimo) étant touchées, les œufs contaminés se sont rapidement retrouvés dans les assiettes. Futur Oeuf a mélangé deux tonnes d’oeufs livrées à un seul client, qui a réussi à bloquer le lot. D’autres n’ont pas eu cette chance : des marques comme Lu, Lustucru et Pasquier ont fabriqué des produits avec des œufs contaminés, avance Le Parisien. Certains produits pourraient être retirés de la vente – lorsqu’ils seront identifiés, ce qui s’avère très compliqué.

L’affaire des œufs au Fipronil touche maintenant dix-sept pays, dont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Roumanie – qui a identifié et bloqué une tonne d’oeufs contaminés venue d’Allemagne – la Suisse, la Suède, le Royaume-Uni, et Hong-Kong. Deux dirigeants de l’entreprise néerlandaise Chickfriend, qui a commercialisé le traitement anti-poux pour les poules contenant du Fipronil, le Dega 16, ont été arrêtés. En Belgique, 26 personnes et entreprises suspectes, au premier rang desquelles le chimiquier belge Poultry Vision qui a mis au point le traitement concerné, sont en ligne de mire d’une enquête.

Le motif principal des Belges et des Hollandais était le profit : en achetant du Fipronil en Roumanie, un insecticide anti-pou utilisé chez les chiens et les chats, mais interdit dans les denrées alimentaires, ils faisaient baisser le coût du traitement. Ensuite des fermes – principalement des élevages en batterie du Benelux – étaient démarchées, la présence de Fipronil étant bien sur cachée. Le Fipronil se retrouvant chez les poules – dont plusieurs millions pourraient être abattues en Belgique, 300.000 l’ont déjà été aux Pays-Bas – et dans les œufs, il a poursuivi sa route jusque dans les casseries et les assiettes des Français.

Pour l’heure, en France, un seul élevage, fournissant des poulettes pondeuses, dans le Pas-de-Calais près d’Arras, a annoncé spontanément avoir utilisé du Dega 16 lors de la désinfection des bâtiments. Mais il pourrait y avoir d’autres victimes, notamment dans le nord de la France. Une grande enquête a été lancée par les services vétérinaires dans chaque département : ils ont adressé à chaque éleveur de poules des courriers urgents pour leur demander de vérifier s’ils ont utilisé cet insecticide. Les premiers retours, notamment dans le Val de Loire, la Bretagne, le Maine, l’Anjou ou encore la Vendée, sont rassurants puisque aucun éleveur ne déclare avoir utilisé le produit.

C’est aussi le profit qui a causé l’irruption des œufs du Benelux contaminés dans les assiettes des Français : ces oeufs ont un avantage : ils sont moins chers que les français, tout en étant peu éloignés des casseries qui les transforment en ovoproduits pour la restauration et l’agroalimentaire. Pourtant la France produit suffisamment pour avoir des œufs de qualité dans ses plats préparés.

D’autant que les autorités vétérinaires des Pays-Bas et de la Belgique, qui savaient depuis des semaines l’existence d’oeufs contaminés au Fipronil, n’ont fait aucun cas de la santé des consommateurs des pays voisins, et des obligations d’information sanitaire imposées par le droit européen : elles ont fermé les yeux et tardé jusqu’au bout à prévenir les pays touchés. En Suède et en Allemagne, ce sont maintenant des millions d’oeufs qui doivent être identifiés et rappelés, sous toutes leurs formes.

Louis-Benoît Greffe

 

Les commentaires sont fermés.