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recompositions politiques

  • Recompositions politiques .

     


     

    C’est peu dire que d’affirmer que l’élection présidentielle qui vient de se dérouler a engendrée une recomposition profonde du spectre politique.

     

    Les résultats du 1er tour de cette élection en témoignent: nous serions ainsi, selon certains, entrés dans une période de quadripartisme. Mais, les règles du système électoral français risquent de mettre un terme rapide aux ambitions des uns ou au contraire de conforter les espoirs des autres. De fait, cette recomposition a aussi pour parallèle le processus de décomposition que connaissent de nombreuses formations politiques. Nul ne peut contester ce double mouvement de décomposition et de recomposition qui frappe diverses formations politiques. Ce double mouvement affecte tous les partis. C'est l'une des caractéristiques les plus importantes de la situation actuelle.

     

    Recompositions à gauche

     L'un des aspects les plus frappants et les plus spectaculaires de ce processus de décomposition et de recomposition en est l'acte de décès du Parti Socialiste tel qu'il était né à Epinay, en 1971. Ce parti a connu le même sort que la défunte SFIO. Il ne survivra probablement pas à cette catastrophe industrielle que fut la candidature de Benoît Hamon. On voit d'ailleurs que certains de ses membres éminents, ceux que l'on qualifiait de « caciques » ou « d'éléphants » ont rejoint le parti créé par Emmanuel Macron. C'est le cas avec Le Driant, sans doute avec Le Foll, Marisol Touraine et Myriam El Khomri. De fait, c'est aussi le cas avec Valls, qui, tout en n'ayant pas l'investiture explicite de La République En Marche, car tel est le nom du parti du président, n'aura pas d'adversaire issu de cette formation face à lui dans sa circonscription. Certes, d'autres caciques vont tenter de faire perdurer l'organisation, quitte à la faire évoluer. C‘est l‘ambition de deux projets concurrents, celui de Martine Aubry et celui de Benoît Hamon qui, l'un et l'autre, ont annoncé la création d'organisations parallèles au P « S », organisation dont on comprend bien qu'elles ont pour objectif de leur permettre de récupérer ce qui subsiste de l'appareil « socialiste ». Réussiront-ils dans leurs entreprises de captation d'héritage, cela reste à vérifier…

     

     Cela fait l'affaire de la « France Insoumise » de Jean-Luc Mélenchon, qui peut espérer récupérer des morceaux importants de l'ancien Parti Socialiste. La transformation de la « France Insoumise » d'un mouvement en un véritable parti est l'un des enjeux importants de la campagne des législatives qui va s'ouvrir dès le 19 mai. Mais il se heurte à la volonté frénétique des dirigeants du PCF de faire survivre un appareil en état de mort clinique. Ces dirigeants vont chercher à masquer la défense de l'appareil derrière des arguments de positionnement politique. Déjà, ils instruisent un procès en populisme à Jean-Luc Mélenchon. Mais, gageons que s'ils y retrouvaient leurs intérêts d'appareil, ces critiques seraient rapidement mises sous le boisseau. On l'a déjà dit, le PCF est un « parti Zombi », un astre mort. Mais, il conserve une capacité de nuisance certaine.

     

    Recompositions à droite

     Les « Républicains », quant à eux, ne sont pas loin de connaître le même sort. De fait, on constate aujourd'hui que la seule chose qui permettait à ce cartel électoral pompeusement appelé « parti » de survivre était sa proximité au pouvoir, ou l'espérance d'y accéder de manière rapide. Après la défaite de François Fillon, les différentes familles de l'ex-UMP sont en train de retrouver progressivement leur indépendance. Cela se traduit par l'affrontement feutré entre les proches d'Alain Juppé et les tenants d'une ligne plus conforme à la tradition de l'UNR-UDR des années 1960 à 1980, rassemblés autour de Laurent Wauqier. Les partisans d'Alain Juppé sont des cibles de choix pour Emmanuel Macron, qui cherche et vraisemblablement obtiendra, des ralliements de choix.

     On voit que le courant des « centristes » de l'ex-UMP se reconstitue aussi. Ce courant est l'une des cibles d'Emmanuel Macron, qui fera certainement des concessions pour tenter d'attirer à lui des proches d'Alain Juppé. On retrouve ici la vieille opposition entre la « droite orléaniste » et la « droite bonapartiste ». La tentative d'union de ces deux courants de la droite française ne résistera manifestement pas au processus actuel.

     Car, la recomposition, elle est à l'œuvre dans la tentative par Emmanuel Macron, le nouveau Président de constituer l'équivalent d'un « parti démocrate » à la française. Seul le temps pourra nous dire si l'implantation de cette structure politique importée des Etats-Unis a la moindre chance de survivre dans la culture politique française. Car, même s'il obtient la majorité absolue des députés à l'issu du second tour des élections législatives, il lui faudra souder l'assemblage hétéroclite qu'il aura constitué.

     

    Le Front National dans la tempête

    Enfin, il y a le cas du Front National. La défaite subie lors du 2ème tour de l'élection présidentielle, mais surtout ce que la dernière semaine de campagne a révélé, impose le changement. Ce dernier sera-t-il de façade, se contentera-t-on de changer de nom sans changer les habitudes et les pratiques, ou bien s'engagera-t-on vers une mutation plus profonde, qui ferait évoluer ce parti vers un parti populiste, rompant les dernières amarres avec l'extrême-droite traditionnelle?

     
     On voit bien que les manœuvres ont commencé. Marion Marechal le Pen s'est retirée, provisoirement on peut le penser, de la vie politique; Gilbert Collard ne veut plus entendre parler de la question de l'Euro (1), alors que Florian Philippot a dit qu'il était prêt à quitter le Front National si ce dernier abandonnait la question de la souveraineté monétaire. De fait, la rupture de la dynamique qui portait la candidature de Marine le Pen, créditée de 38% au soir du 1er tour, puis donné entre 40% et 42% quelques jours après, semble bien liée aux tergiversations et aux retournements qu'elle s'est crue obligée de faire et sur la question de la retraite et sur la question de l'Euro. Ces questions n'avaient nullement empêché la dynamique qui s'était initialement manifestée. Elle a, de ce fait, brouillé le message que sa candidature envoyait jusqu'alors. Elle a de plus détruit son image par sa prestation au débat du 3 mai.

    Très clairement, Marine le Pen n'évitera pas une analyse sans complaisance, tant sur ses prises de positions que sur le mode de fonctionnement de son mouvement qui a fait preuve d'un très grand amateurisme dans la gestion de la campagne présidentielle. Si cette analyse n'est pas de pure forme, si elle apporte des réponses aux questions que se posent une grande partie des personnes qui pouvaient se retrouver dans les thèmes de sa campagne, elle peut espérer rebondir. Mais elle devra le faire vite, ou le FN s'étiolera et subira un nouvel échec aux élections législatives.