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Dans une France plurielle, la dédiabolisation est devenu un exercice d’équilibriste ! ...

 

La dédiabolisation est à la mode. Elle attire les élégants. Souvenez-vous de Sarkozy et de son Kärcher. Aujourd’hui Estrosi part pour la troisième guerre mondiale et Chauprade réclame par tweet des droits d’auteur. Marine donne au fond le la à toute la classe politique. On reparle de l’union des droites, comme au début des années quatre-vingts, avant que Jacques Chirac ne l’étrangle solennellement sur l’autel des valeurs, sous le regard attentif du CRIF.

La dédiabolisation est une stratégie qui divise. Les gauches, les droites, les media, le Front national même Faut-il ? Ne faut-il pas ? Est-elle sincère ? Pourra-t-elle se dégager des pesanteurs qui ? Trahit-elle ? Pratique-t-elle la Takkia nationale ? Tous ces points d’interrogation ne sont pas neufs. Ils datent de bien avant Bruno Mégret. De la fin du poujadisme. Du jour où les jeunes indépendants de Paris, menés par le regretté Jean Bourdier, aidèrent un certain Jean-Marie Le Pen, jeune loup de mer de la Trinité, à putscher le papetier de Saint-Céré. Ces jeunes gens jugeaient celui-ci trop cracra, trop simplet de manières et de discours.

Mises à part les questions d’ambition et de générations, demeure un vrai problème commun à tous les hommes politiques, à tous les démagogues : comment séduire à la fois le peuple et les augures sans se renier soi-même, sans perdre son identité ? C’est une dissertation où le verset de l’Evangile sur le sel qui perd sa saveur a beaucoup servi. Du temps de Poujade, pour réussir sa dédiabolisation, il suffisait d’un ravalement de façade, de ne pas avoir l’air trop plouc, mais aujourd’hui avec la sévérité des tribunaux moraux auxquels nous sommes soumis et le changement de population qui affecte la France, les choses sont devenues plus difficiles. On se croit tenu de vraiment changer pour montrer patte blanche. On reprend le vocabulaire de l’ennemi, on veille à ne paraître ni raciste, ni homophobe, ni antisémite, ni islamophobe. Et même à ne plus l’être.

On réfléchit aux conditions de la dédiabolisation. On donne des consignes. On chasse les militants qui marquent mal — tant pis si ce sont ceux qui vous ont fait reine. On en accueille d’autres à bras (voire à braguettes) ouverts. On peigne son discours, on lui met des rubans. Le franc-parler a fait votre succès ? On en garde les apparences mais on lui pose des limites. Comment dire du mal de ceux-ci, de ceux-là ou des troisièmes quand ces derniers forment une bonne part du nouvel électorat, et les autres la porte naturelle des media et des affaires ? Paris vaut bien une grande kermesse gay-judéo-maçonne. Dans une France plurielle, la dédiabolisation est un exercice d’équilibriste. La pauvre Marine doit gérer une sorte d’Algérie française instable, sans patriotes ni volonté d’intégration. Avec pour chef d’état-major la groupie joufflue d’un ancien activiste de Patrie et Progrès (il n’est pas très gros, Popot, mais il est blême et soufflé comme un phlegmon).

Derrière les difficiles questions d’étiquette et de diplomatie communautaires se profile la silhouette de l’éthique. On n’échappe pas aux grandes questions, du style : a-t-on le droit d’utiliser la génétique pour ressusciter le mammouth laineux ? En reprenant les mots de l’adversaire, on a repris sa morale. On veut être aussi bon que lui. On en oublie que ces mots n’étaient que des armes, le moyen de son terrorisme intellectuel, qu’ils ne visaient nullement à désigner des choses mais à discréditer des gens — en l’espèce, nous-mêmes. On se tue soi-même avec l’arme de l’ennemi, et l’on en tire une grande fierté. On finit par penser comme ceux que l’on combat, sur le modèle qu’on a toujours contesté et détesté.

On se trompe surtout sur la dédiabolisation, sa nature. On l’imagine comme une épreuve, un examen qu’il faudrait passer en ne laissant rien dépasser, comme un saut en hauteur à l’ancienne mode, en rouleau, où il suffirait de rentrer le ventre pour ne pas renverser la barre. Comme si l’on avait affaire à des examinateurs neutres qui mesureraient votre performance. Comme si la dédiabolisation dépendait intégralement de vous. Or ce n’est nullement le cas. Si je puis oser cette audacieuse proposition, la dédiabolisation suit, dans l’ordre logique et chronologique, la diabolisation. Le candidat dédiabolisé s’en remet donc, la corde au cou et en chemise, au jugement du système qui l’a calomnié durant des décennies, qui a tracé de lui un portrait à la suie et à l’étron pour le tuer politiquement. Et il sourit, angélique, psalmodiant, voyez : j’ai seize quartiers d’antiracisme, j’en ai trente-deux d’homophilie.

En réalité, l’examinateur est l’ennemi. Il a fixé les règles de la diabolisation, il fixe celles de la dédiabolisation. Elles découlent des moyens et des buts de celle-ci. Depuis soixante-dix ans, le moyen du discrédit absolu n’a pas changé (ouf, enfin quelque chose de stable dans un monde en perpétuelle mutation !), c’est Hitler, sa mèche de travers et sa vilaine moustache. Hitler qui mangeait des enfants juifs et tsiganes à la broche pour Halakha (je l’ai lu sur un document d’époque tapé directement sur I-pad). Ce n’est pas neuf, neuf, mais ça marche toujours bien, merci. Quant au but de la diabolisation, depuis trente-cinq ans, il s’agit de confiner la défense de la nation au FN et de diaboliser celui-ci afin d’ôter tout crédit à la nation...

 

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