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Du Camp des Saints aux camps des crétins ...

 

immigration clandestine

 

 

Ils n’ont pas choisi la Côte d’Azur, mais le talon de la botte. La côte italienne qui borde l’Adriatique passe le petit cap au sud d’Otrante et continue vers la Calabre. Là, ils ont innové, par rapport à l’original de Jean Raspail : ils ne se sont pas échoués sur la plage ni fracassés sur les rochers, c’est la marine italienne qui les a conduits jusqu’au port où boissons chaudes, couvertures de survie et repas hallal leur ont été servis, pendant que les cellules de suivi psychologique s’activaient, sous l’œil bienveillant des grandes télévisions européennes. Ils, les immigrés clandestins, le fléau de Dieu, les Attila modernes, pacifiques comme il se doit, attendus comme des frères par les bobos. Ce n’est plus le Camp des Saints que le Sud barbare investit depuis trente ans, mais le camp des crétins, le camp des collaborateurs et des traîtres : si la civilisation cède et s’effondre si facilement, c’est qu’elle est déjà morte, morte depuis longtemps, minée par la peur, la peur d’être soi-même.

Ce n’est bien sûr pas la première fois que depuis 1973 un bateau plein d’immigrés clandestins prétend forcer les portes de l’Europe pour y vider, petit à petit, toute la misère du monde. Toutes les guerres, et toutes les magouilles, du Sud, se déversent depuis quarante ans sur le ventre fragile de notre continent. A chaque fois l’état des mentalités a été un peu plus travaillé, à chaque fois un homme politique, un évêque, un footballeur a un peu mieux préparé la ménagère de moins de cinquante ans à se pénétrer qu’il s’agit d’un spectacle attendrissant, d’une chance pour la France, et qu’il faut accueillir l’étranger, quoi qu’il nous en coûte — à chaque fois l’esprit public est tombé un peu plus bas, comme à chacune des rééditions du camp des Saints.

Cette fois-ci, le hasard (?) a voulu qu’à quelques heures d’intervalle deux navires, l’un moldave, l’autre battant pavillon de la Sierra Leone (deux des plus grandes marines du monde, avec la marine suisse et la marine luxembourgeoise) aient été abandonnés par leurs équipages respectifs à quelques dizaines de miles des côtes italiennes. Le scénario est en gros le même dans les deux cas. L’Ezadeen, un cargo sierra-léonais aménagé pour le transport du bétail a été repéré jeudi premier janvier à 80 miles de Crotone en perdition. Six hommes ont pu être transbordés par hélicoptères et se rendre maîtres du navire à court de carburant et l’ont mené à quai à Gorigliano Calabro. Quatre cent cinquante immigrés clandestins s’y entassaient. Quant à ses propriétaires, son équipage et son itinéraire, mystère. Les uns ont dit qu’il était parti d’un port turc, d’autres de Chypre.

 

Le cas du Blue Sky M est un peu mieux connu. Ce bâtiment, plus grand que l’autre, peut accueillir entre 760 et 970 clandestins selon les sources et son pedigree comporte quelques éléments à peu près crédibles. Il aurait été racheté récemment par un homme d’affaires syrien, selon la presse italienne. Surtout, il a été signalé fin novembre à Istanbul et encore le 14 décembre à Korfez, toujours en Turquie. Puis, alors qu’il a déclaré faire route vers Rijeka, en Croatie, il lance le trente décembre un SOS à la hauteur de Corfou. La presse, grecque cette fois, parle de détournement, d’hommes armés à bord. La marine grecque envoie sur place une vedette et un hélicoptère, et cette inspection ne détecte « aucun problème mécanique et rien de suspect sur le bateau », selon l’amiral Nikolaos Patrinos. Elle se contente donc d’escorter le Blue Sky M vers les eaux internationales. Une manière de s’en débarrasser intelligemment en fermant les yeux sur le fait que, peut-être, comme le prétendront plus tard les Italiens, il était surchargé. La suite des opérations va enfin révéler les intentions de l’équipage et du propriétaire du Blue Sky M : dans le canal d’Otrante, celui-ci change brusquement de cap et file sur l’Italie moteurs et gouvernail bloqués, vers le bout de la botte. L’équipage, ici encore, a fui. Le mauvais temps, ici encore, force les Italiens à agir par hélicoptères, et quand ils parviennent à reprendre la maîtrise du navire, celui-ci n’est plus qu’à neuf mille de s’écraser sur la côte. Avec courage et sang-froid, les sauveteurs italiens ont lancé le pilote automatique, freiné les machines et se sont amarrés sans plus de difficulté à Gallipoli...

 

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