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  • Nous sommes en guerre .

    Nous sommes en guerre. Une guerre qui n'ose pas dire son nom, nouvelle, étrange et obscure. Sans déclaration, sans armées en mouvement, sans champ de bataille, sans offensive de masse, sans raids d'aviation sur les grandes métropoles. Avec un nombre restreint de morts qui tombent un peu partout et presque au hasard dans des conditions dramatiques. Une guerre très loin de la guerre des étoiles et des visions d'avenir chères aux auteurs de science-fiction. Une sorte de guerre au rabais, une guerre d'otages et de guets-apens. Mais une guerre qui s'étend de Bruxelles à Toulouse, de New York à Paris, de l'Algérie, de la Libye, du Yémen à l'Afrique du centre et de l'ouest, de Syrie et d'Irak au Pakistan, à Dijon et à Sidney en Australie.

    La civilisation musulmane est à l'origine de quelques-unes des plus belles réalisations du génie humain. Daech déshonore cette grandeur de l'islam.

    La guerre n'est plus confiée à des armées en uniforme. Elle s'attache à chacun d'entre nous. Oh! avec un risque à peu près égal à la chance de gagner au Loto. Mais, enfin, elle est là, avec ses bombes et ses couteaux. Elle menace - de loin - chacun et chacune d'entre nous. Elle a quitté les champs de bataille et les états-majors pour descendre dans la rue, dans les cafés, dans les stades, dans les salles de spectacle. Elle plane en secret sur les femmes, les enfants, les vieillards comme sur ces hommes dans la force de l'âge qu'on appelait naguère des soldats.

    Ceux qui tombent ont changé, ceux qui tuent aussi. Ce ne sont plus des ennemis identifiés et répertoriés, groupés en corps d'armée, en divisions, en régiments et se battant en uniforme. Ce sont des illuminés, des fanatiques et des repris de justice, auxquels se joignent un certain nombre de déséquilibrés. C'est un mélange de religieux extrémistes et de hors-la-loi. Pour les désespérés, pour les candidats au suicide, le djihad est une raison de vivre et une raison de mourir.

    Ils ont un drapeau, une organisation, des chefs - résumés en un mot qui fait peur et horreur: Daech. Daech est une organisation terroriste et criminelle qui se réclame de l'islam. C'est là qu'il ne faut pas se tromper.

    Nous devrions crier que nous sommes tous des yézidis et des chrétiens de Syrie et d'Irak.

    Ce que nous apprenons de Daech est terrifiant et révoltant. Nous nous inquiétons ici de savoir s'il est tolérable ou non de travailler le dimanche ou d'administrer des fessées aux enfants en bas âge. Au nord-ouest de l' Irak, au nord-est de la Syrie, Daech massacre et extermine, égorge et viole. Des populations entières sont réduites en esclavage et menacées de disparition. Là où règne Daech, s'installe la terreur et l'épouvante.

    Les musulmans qui répugnent de se soumettre au soi-disant État islamique sont traités avec cruauté. Mais les chrétiens de la région et les yézidis sont tout simplement au bord d'un génocide qui les ferait disparaître jusqu'au dernier.

    Nous devrions crier que nous sommes tous des yézidis et des chrétiens de Syrie et d'Irak. Et des Kurdes qui manquent de médicaments, d'armes, de soutien et qui se battent avec héroïsme. Les yézidis sont un peuple attaché à un syncrétisme monothéiste où se mêlent des traces du culte de Zoroastre, de l'islam et du christianisme. Les yézidis ont aidé et sauvé beaucoup de victimes des djihadistes. Ils sont aujourd'hui, comme les chrétiens d'Irak et de Syrie, au bord de l'anéantissement. Seuls les Kurdes les protègent encore. Il faut soutenir les Kurdes.

    Il ne suffit pas, naturellement, d'aider là-bas les adversaires de Daech. Il faut lutter chez nous contre les conditions qui expédient au djihad tant de jeunes gens et même des femmes et des enfants. C'est une autre et lourde affaire.

    Très arrangeant avec Daech, le gouvernement turc de M. Erdogan s'est conduit de façon très décevante à l'égard des Kurdes. Il leur préfère l'extrémisme des fanatiques de Daech. Il n'est pas question d'envisager d'envoyer des troupes au sol dans cette malheureuse région. Mais il serait insupportable et honteux de ne pas aider les Kurdes dans leur combat contre l'horreur de Daech. Il faut leur envoyer des médicaments, des armes, de quoi résister aux chars de Daech, de quoi survivre et sauver des vies.

    Il ne suffit pas, naturellement, d'aider là-bas les adversaires de Daech. Il faut lutter chez nous contre les conditions qui expédient au djihad tant de jeunes gens et même des femmes et des enfants. C'est une autre et lourde affaire. Tout ce qu'il est possible de dire ici, c'est que le monde et son histoire ont beaucoup changé et qu'il va falloir nous occuper de bien d'autres questions que celles qui nous occupent encore et qui semblent soudain futiles.

     

     

    Jean d' Ormesson

  • Shahada et véhicules écraseurs .

    Les derniers attentats aveugles par véhicules écraseurs sont à l’évidence inspirés par le modèle de ceux perpétrés récemment en Israël. On vérifie ainsi une nouvelle fois l’importance du mimétisme dans les comportements et notamment dans le crime.
     
    Ils donnent hélas l’occasion d’entendre proférer encore, comme dans la chanson de Johnny Hallyday, « toujours les mêmes mots, toujours les mêmes refrains » par les responsables politiques d’une pitoyable débilité et de déni de réalité sur l’islam sans cesse présenté dans leur « bla-bla » comme une religion. Au mépris du fait que l’islam, comme le rappellent Tariq et Hani Ramadan et avec eux des dizaines  d’autres de ses « docteurs », « entre difficilement dans l’acception du mot religion… Il est religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie, comprenant dans son système les principes de gouvernement et aussi les prescriptions de guerre ». (Bulletin du Centre islamique de Genève – décembre 1999)
     
    Mais voici maintenant que par une inversion stupéfiante, toujours selon la même débilité culturelle du « bla-bla », des commentateurs affirment que des attentats ne sont pas islamistes puisque non assortis de « revendications religieuses » (sic !).
     
    Or, l’inspiration majeure de toutes les formes du jihâd, guerrières, terroristes, exterminatrices n’est-elle pas dans la Sira (biographie) du prophète, dans ses Hâdiths (faits et gestes) et bien sûr dans son Coran ?
     
    Manuel Valls et ses ministres assurent qu’il faut traiter « à la base » la question du terrorisme et du jihâd.
     
    Mais ils ne disent pas, et peut-être ne veulent-ils pas savoir, que le fondement du jihâd terroriste, c’est la shahada (profession de foi) lancée 25 fois par jour depuis tous les minarets du monde, avec la résonance manifeste d’un cri de guerre contre tous ceux qui ne se soumettent pas à la conception mahométane de l’unicité d’Allah et à l’autorité de Mahomet, son prophète et modèle de gouvernement.
     
    C’est là le socle du système de théocratie totalitaire qu’est fondamentalement l’islam depuis ses origines et encore plus, depuis le X° siècle, avec "la fermeture des portes de l’ijtihâd", c’est-à-dire « la fin de l’ère de la liberté d’interprétation ».